4 juin 2007

Psycho-Psarko

Sarkofrance a le clip « clandestin » de Sarkozy en train de parler en off à des associations de Nanterre en février 2007. Apparamment le clip est assez connu, mais je ne l'avais pas encore vu. Il vaut la peine surtout parce qu'il donne un aperçu de la personnalité du Grand Homme, et de comment cette personnalité est reflétée dans sa vision de la société et de la politique.

Au début du clip, Sarkozy fait son autoportrait en « jeune des quartiers », c'est-à-dire comme quelqu'un qui ne fait pas partie des élites du pouvoir, et qui a monté tous les échélons tout seul. Il n'a pas fait une Grande Ecole, et comme le Canard nous le rappelait la semaine dernière, il n'était ni bon élève, ni bon étudiant, réussissant son bac et son DEA de justesse.

Sarkozy se comporte comme quelqu'un qui a subi une blessure émotionnelle. Je n'ai pas beaucoup regardé du côté de ses biographes, mais dans ce clip on commence à comprendre au moins une partie de cette blessure. La guerre menée avec Chirac et Villepin n'était pas, pour Sarkozy, un simple combat avec des rivaux politiques, mais une lutte pour la survie, la fin de partie dans une quête de reconnaissance sociale. D'où, à mon avis, l'imagination de la violence que l'on retrouve sans cesse, comme dans cet entretien que raconte Birenbaum où il était question de Clearstream et du rôle de Villepin :

Nicolas Sarkozy, qui se mit alors à me mimer la scène, se montra en tout cas explicite au sujet du rôle qu’il prêtait dans l’affaire à son successeur au ministère de l’Intérieur : "J’ai pris Villepin comme ça [par le col] et je lui ai mis le nez dans sa merde. Comme ça !" me lança-t-il, brutalement. Presque comme s’il l’avait vraiment fait. Le tout était accompagné d’un drôle de rictus qui me laissa penser que cette véritable guerre irait finalement jusqu’au sang entre ces deux hommes.

Impressionant, non? On comprend qu'une fois élu il ait voulu s'entourer d'une petite armée de garde-corps.

Comme beaucoup de self made men, Sarkozy n'a pas de compassion pour ceux qui n'ont pas fait comme lui. « Je n'ai pas baissé la tête, moi. » Ayant subi (et encore, il faudrait vérifier, mais je n'arrive pas à me résoudre à me procurer une biographie de Sarkozy, et encore moins de la lire...), ou croyant l'avoir subi une blessure identitaire devant les élites sociales, Sarkozy ne cherche pas à éliminer ces obstacles pour les générations futures (réponse de gauche), mais au contraire estime que si lui, Nicolas S., a réussi, d'autres peuvent le faire aussi, tout le monde peut le faire. C'est un modèle de la société et de la transformation de la société a lui tout seul.

Se battre contre les élites, oui, mais à condition d'en faire partie. D'où la grosse montre (et comme disait le Canard Enchaîné: grosse montre prêtée pour le débat, car aucun bijou ne figure sur la déclaration fiscal des Sarkozy), le yacht de Bolloré, et le « frère » Arnaud Lagardère.

Et pour l'exercice du pouvoir, c'est la lutte pour la survie. Baiser les autres pour ne pas être baisé soi-même. Se méfier des élites de droite, ne faire confiance qu'à l'argent et aux démonstrations de pouvoir.

Et faire du jogging.

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