31 juillet 2008

Au moins il bosse

Quelque part dans ses Coulisses, Juan donnait comme conseil aux blogueurs politiques de toujours "lire l'ennemi". Ce n'est pas si difficile, par les temps qui courent, puisque souvent l'ennemi est partout. Il suffit de lire la presse. Mais comme je suis un peu à la plage, pour ainsi dire, j'ai décidé de pousser le bouchon un peu plus loin en m'achetant Le Point avec, en couv', L'omni-président : l'homme qui veut tout faire. Quand le reste de la presse magazine prépare leurs numéros "spécial sexe", Le Point se lance lubriquement dans l'adoration de la puissance du TGH, espérant aider l'Elysée à transformer ses faiblesses communicationnelles en force, guidé, on imagine, par les communicants, les Saussez et les Guéants, pour refaire l'image de celui qui reste, malgré ses 35% dans les sondages, l'homme fort du régime.

Et c'est en lisant ces pages que j'ai commencé à formuler ce qui sera, vraisemblablement, le fondement de l'argumentaire sarkozyën pendant les années à venir. Quels que soient les difficultés, les couacs, les abérrations, les faux-pas, les imbécilités, les coups tordus et fourrés de ce qu'il faudra appeler désormais le "Bloc quinquennal", l'axe un peu fratricide Sarkozy-Copé, quoi qu'il arrive, on pourra toujours dire : Sarkozy, lui, au moins, il bosse.

On a beau suggérer qu'il ne peut y avoir qu'un seul Président à la fois, et qu'il est donc normal que celui qui l'est fasse un travail de Président, que la République 5.1 ne laisse pas plus de place à l'opposition que la version précédente, et que celle-ci n'a pas l'occasion d'entreprendre la moindre action, ne peut guère bosser, tous ces arguments techniques n'enleveront pas l'impression qu'il n'y a que Lui à travailler, pendant que les autres se chamaillent, se prennent la tête pour ci ou ça.

Pour booster ses ministres, il a constitué une véritable armée dans les rouages de L'État qui privilégie la compétence et l'efficacité sur l'idéologie.

L'article de Sylvie Pierre-Brossolette insiste sur le fait que Sarkozy est en train de changer la manière dont les hauts fonctionnaires sont recrutés, boudant les "technocrates" et favorisant des candidats "capables d'entrâiner leur administration et d'appliquer avec zèle sa politique". Des sortes de mini-TGH que l'on lâche dans la nature. Pour tout justifier, on fait l'impasse sur "l'idéologie", préférant celle de l'"efficacité", une idéologie d'autant plus efficace (les mauvais esprits diraient : "dangereuse") qu'elle prétend n'en être pas une. Des types qui bossent, encore une fois.

En général, dans la publicité, il faut centrer son message sur les points faibles de son produit : pour vendre un yaourt dégueulasse, il vaut mieux dire qu'il est délicieux. L'impopularité et l'inefficacité des mesures de Sarkozy vont devenir, pour lui et ses communicants, des points forts : Sarkozy est désavoué par l'électorat ? C'est qu'il s'en fout d'être populaire, il bosse, il avance. Les mesures économiques sont autant de flops? C'est que le Très Grand Homme oeuvre dans la durée, il "réforme la France", c'est un travail tellement profond que nous, pauvres imbéciles que nous sommes, ne pouvons même pas deviner les effets positifs. Car, vous voyez, celui qui ne peut pas laisser passer plus d'un news cycle sans qu'on parle de lui, en réalité il travaille sur du très long terme.

Et devant cet argument ("au moins il bosse"), je n'ai, pour l'instant, pas de réponse. Il est d'autant plus difficile à contrer qu'il est simplissime. Pour le contrer, les grandes explications, les leçons de politique et de justice sociale n'y feront rien. Il faut une phrase, il faut trouver la phrase.

Sarkozy, au moins, il bosse.

Oui, mais ça ne donne rien.

Pas terrible, je sais. Il va falloir réfléchir.

26 juillet 2008

Pour une gauche flasque et servile

Depuis quelques temps, je me désintéresse un peu de Nicolas Sarkozy. J'ai moins envie de bloguer à propos du TGH qu'avant, car j'ai un peu l'impression qu'il est plus ou moins démasqué. Je parle là de ce qui me donne envie ou pas de faire un billet. Je ne veux surtout pas dire que ce n'est plus utile de bloguer contre Sarkozy. Au contraire. Mais pour l'instant j'ai l'esprit qui vagabonde un peu. Je me suis décroché de l'orbite.

Je pourrais dire la même chose de Manuel Valls. Valls s'est vautré dans le rôle du sarko-socialiste au point d'en devenir presque une caricature, et de devenir une cible trop facile. Mais comme il ne faut quand même pas baisser la garde contre Sarkozy, il ne faut pas non plus laisser Valls tranquil dans son coin. La dernière fois, c'était quand lui, Gorce, Cambadélis et quelques autres avaient cru bon de publier une tribune chez les vespéraux pour dire qu'il fallait voter pour la révision de la Constitution, contre laquelle ils ont tous fini par voter. Pourquoi? Manque de conviction finalement? Toujours est-il que Jack Lang semble être le seul à avoir retenu leur leçon, sauf qu'on peut imaginer qu'il en écoutait une autre, plus personnelle, destinée à lui seul, qui se dévoilera dans semaines ou mois à venir. (Le Canard de cette semaine à des informations juteuses sur les différentes transactions qui ont eu lieu entre l'Elysée et divers députés hésitants. J'y reviendrai peut-être.)

Valls et les siens n'ont pas osé voter contre leur parti, mais ils n'ont pas hésité à dénoncer aussi sec l'anti-sarkozysme primaire du PS. Voici le morceau qui a fait le tour des médias :

Il n'en reste pas moins que le PS doit s'interroger sur sa stratégie de parti d'opposition. Sa disqualification résulte de son incapacité à s'abstraire d'une forme d'anti-sarkozysme pavlovien qui le conduit à s'opposer systématiquement à tout projet émanant du président de la République. Cette ligne de conduite est dangereuse et fait le jeu de celui qu'elle prétend combattre. Elle nous éloigne des Français qui n'écoutent plus un parti réfugié dans une opposition caricaturale. Elle crédibilise un discours purement protestataire.

J'espère que Valls, et Caresche, Le Guen et Gorce, les autres signatures du texte, sont simplement naïfs et ne sont pas conscients de l'erreur monumentale de communication qu'ils sont en train de commettre. Heureusement qu'ils sont moins connus que Jack Lang, mais à couverture médiatique égale, leurs arguments ne sont pas moins nuisibles à la crédibilité de la gauche que ceux de "Djack".

Le véritable argument, si je peux résumer avec des traits un peu gros mais en étant je pense d'assez bonne foi, est que, comme cette révision constitutionnelle ne changeait presque rien au fonctionnement de la République, toute opposition à elle ne pouvait être que "pavlovienne", anti-sarkozysme primaire. Sauf qu'on ne voit pas trop l'intérêt de défendre une "réforme" en arguant qu'elle ne réforme rien, justement. Donc on sort le blah-blah élyséen : renforcement des droits du parlément, etc.

En réalité, cette réforme s'est attelée à revaloriser les pouvoirs du Parlement et à donner des droits nouveaux aux citoyens. Ce choix a été celui du comité Balladur qui, à juste titre, a estimé que l'urgence était de palier le déséquilibre né de l'adoption du quinquennat et de l'inversion du calendrier électoral. Face à la toute-puissance de l'exécutif, il est impératif de donner plus de pouvoirs au Parlement, notamment en matière de contrôle.

Sauf que les pouvoirs donnés au Parlément sont tellement faibles qu'ils ne font que souligner, par leur faiblesse même, le caractère présidentiel du régime, tout comme la fameuse possibilité pour le Monocrate de s'adresser au Parlement.

Certains regrettent que cette évolution se fasse au détriment du premier ministre. Outre qu'il paraît difficile de revaloriser le Parlement sans restreindre les pouvoirs du gouvernement, il aurait fallu, pour que cette critique soit pertinente, être en mesure de trancher la question de la nature du régime.

Voilà le vrai subterfuge sarkozyën : on parle de limiter "l'Exécutif", mais on impose surtout des limites au gouvernement, laissant le Président agir comme auparavant. Or, dans le face-à-face entre le Président et le Premier Ministre, le Parlement est naturellement du côté du second, puisqu'il peut exercer un contrôle sur lui, mais pas sur le Président. Le reste n'est qu'écran de fumée. Mais face à cette dérive, Valls et ses amis ont recours à leur parade préférée : incriminer à nouveau le PS. Voici la suite de la citation précédente:

Le PS ne l'a pas fait, laissant coexister en son sein ceux qui sont favorables à une présidentialisation de la Ve République et ceux qui privilégient le renforcement du premier ministre et une évolution primo-ministérielle.

Fallait-il que le PS se divise sur ce point? Enfin, oui, peut-être qu'il aurait fallu exclure Lang bien plus tôt. Mais s'il faut se diviser ou procéder à des exclusions sur chaque question ("laisser coexister en son sein", c'est quand même fort), la vie du Parti risque d'être dangereuse. Toujours est-il que la présidentialisation du régime n'est pas la faute du PS, comme Valls et les autres semblent suggérer.

Ce qui restera de ce billet commun, c'est surtout le mot "anti-sarkozysme pavlovien". Comme si toute opposition, hormis sur des questions traditionnellement réservées à la gauche... et encore, relevait tout simplement de rivalités politiciennes, comme si le sarkozysme n'était pas un tout, un bloc communicationnel bien solide. Valls et al. semblent croire que le PS aurait une voix plus forte s'il disait le même chose que l'Überprésident. Il y a un parti politique qui s'est fondé récemment dans ce même espoir. Vous en avez entendu parler peut-être, ça s'appelle : Gauche Moderne. Si on n'entend pas tellement la voix de ce parti-là, c'est que pour l'instant ses dirigeants ont choisi de porter leur action sur une question bien précise, avant de l'élargir bien sûr à d'autres sujets. Oui, pour l'instant la Gauche Moderne profite de toute sa visibilité, de la puissance de sa voix en harmonie avec celle de notre Lider Maximo, pour s'occuper surtout des anciens combattants. C'est très bien. Cet exemple ne peut qu'inspirer Messieurs Valls, Gorce, Le Guen et Caresche. Espérons-le.

Nicolas Sarkozy est à 35% dans les sondages. Comment peut-on penser aujourd'hui qu'il y a quelque chose a gagner en ralliant sa position qui est politiquement faible? Manuel Valls et ses amis disent que le PS n'a rien gagné en s'opposant, comme des chiens (c'est quand même le sens de "pavlovien"), à la révision de la Constitution. Et là ils se trompent à nouveau : en gagnant sur le fil du rasoir, Sarkozy a perdu un peu plus de sa légitimité ; en mettant la pression maximale, plusieurs mauvaises idées constitutionnelles ont été abandonnées. Difficile de crier "Victoire!" dans cette situation, mais le PS a sans doute réussi à éviter une réforme qui aurait été bien pire que celle-ci.

25 juillet 2008

Nouvelle Gauche, troisième partie : Bretton-Woods

Alors, je disais quoi...?

Oui, un nouveau Bretton-Woods. C'est l'une des propositions dans la contribution Urgence Sociale de la Nouvelle Gauche.

1. Etes-vous d'accord pour que, à l'issue de son Congrès, le PS organise sans tarder avec l'ensemble des socialistes européens (ceux qui sont au pouvoir et ceux qui n'y sont pas) une grande Conférence internationale pour définir de nouvelles règles du jeu en matière monétaire et financière ?

Voici l'explication :

Vu la gravité de la crise monétaire et financière qui vient, il faut sans tarder convoquer un nouveau Bretton Woods. En 1944, dans cette petite ville du nord-est des États-Unis, on a réuni les 30 meilleurs économistes de la planète et on leur a dit (gentiment mais fermement) qu'ils ne sortiraient pas du village tant qu'ils ne se seraient pas mis d'accord sur de nouvelles règles du jeu monétaires et financières permettant d'éviter qu'une crise semblable à celle de 1929 puisse à nouveau se produire. Ils ont travaillé dur, pendant 3 semaines, pour construire un système qui a tenu 30 ans. Hélas, depuis le début des années 1970, les libéraux ont peu à peu démantelés les règles et les outils de Bretton Woods pour finir par accumuler des déséquilibres supérieurs à ceux de 1929...

L'idée est donc de refaire la même chose, en commençant par mettant au travail tous les socialistes européens d'abord, et ensuite le reste du monde :

Allons-nous attendre que la crise éclate et que la situation devienne ingérable pour convoquer un nouveau Bretton Woods ? Si tout le monde a conscience qu'on va dans le mur, qu'attendons-nous pour définir, au niveau mondial, de nouvelles régulations monétaires, financières, sociales et écologiques ? Demander 3 semaines de travail approfondi pour éviter une crise majeure, demander 3 semaines de travail pour 30 ans de stabilité, est-ce trop exiger ?

"Est-ce trop exiger?" Malheureusement, la question n'est pas tout à fait celle-là. S'il était possible de faire ce que la Nouvelle Gauche propose ici, je serais évidemment pour, sans hésiter, ou du moins sans hésiter beaucoup. Le problème n'est pas celui de savoir ce qu'on ferait si on pouvait, mais celui du rapport de forces. Jamais les intérêts financiers de la planète ne laisseraient une bande d'économistes refaire les règles de la finance internationale. On prend des paris? D'une certaine façon, ce travail est en cours depuis des années, ou du moins son image inversée : le GATT et ses enfants et petits enfants, avec toute leur complexités, leur lourdeur, et leurs intérminables négociations sont là pour nous le rappeller.

Mais surtout nous ne sommes plus en 1944, année unique dans l'histoire moderne : l'économie internationale n'existe plus, la guerre n'est pas terminée mais on commence à penser à ce qui va se passer après. Pour les pays en guerre, le rôle de l'État dans l'économie est prépondérante, et de plus la position des Etats-Unis est alors unique : futurs vainqueurs, ils n'ont pas, en 1944, de rival économique véritable. Les grands centres financiers ne fonctionnent plus : surtout Londres et Paris. C'était une chance unique pour réécrire les règles, qui, sauf cataclysme planétaire, ne reviendra pas de sitôt.

Si l'utilité qu'il y a aurait à tout refaire, à refaire le monde économique, ne fait pas véritablement de doute, du moins pour des Français de gauche, la possibilité d'imposer une telle solution n'existe pas, tout simplement. Des industries financières entières sont désormais fondées sur la maîtrise des subtilités des règles de la finance. Toucher à une ou plusieurs virgules de ces règles revient à rebattre de fond en comble les cartes du pouvoir économique. Trois semaines et trente économistes ne peseraient pas lourd.

C'est un joli but, mais ce rêve de revenir à un monde financier plus simple et plus équitable peut aussi empêcher de chercher des solutions réelles. La mondialisation est là, l'économie mondiale est là. Un "nouveau Bretton-Woods" est une proposition qui nous plaît parce que, effectivement, il faudrait pouvoir tout changer. Mais c'et se tromper sur les léviers dont on disposent et, à mon avis (il faudra que je le développe encore), c'est dépenser de l'énergie politique dans une entreprise qui ne pourra pas aboutir, dans une tentative de "refaire le monde", comme on dit. Malheureusement, plutôt que de réécrire les règles, le rôle de la politique sera plutôt d'infléchir les choses.

(A suivre, avec beaucoup d'inflexions.)

22 juillet 2008

En lisant la Nouvelle Gauche, deuxième partie : la mondialisation

J'en étais où? Je parlais de la contribution Urgence Sociale de la Nouvelle Gauche pour dire tout le bien que je pensais de leur approche de l'idéologie sarkozyënne. Maintenant je vais me permettre d'être légèrement plus critique, et ce essentiellement pour des raisons égoïstes : j'espère, à partir de quelques unes des propositions, arriver à élaborer une petite miette de pensée sur l'attitude d'une gauche devant la mondialisation, surtout une gauche se voulant nouvelle.

Voici les quatre premières propositions dans Urgence sociale (qui se formulent comme des questions qui sont en fait les réponses aux questions de Pierre Larrouturou. Voir par exemple les réponses de Maxime Pisano.)

1. Etes-vous d'accord pour que, à l'issue de son Congrès, le PS organise sans tarder avec l'ensemble des socialistes européens (ceux qui sont au pouvoir et ceux qui n'y sont pas) une grande Conférence internationale pour définir de nouvelles règles du jeu en matière monétaire et financière ?

2. Etes-vous favorable à la négociation d'un véritable Traité de l'Europe sociale comprenant des critères de convergence sociaux aussi précis et contraignants que l'étaient les critères financiers du Traité de Maastricht ? Etes-vous d'accord pour que [...] le PS propose à l'ensemble des socialistes européens [...] de se réunir pour réfléchir au meilleur moyen de négocier très vite un vrai Traité social ?

3. Etes-vous d'accord pour que [...] le PS propose à l'ensemble des socialistes européens [...] de se réunir très vite pour réfléchir au meilleur moyen de donner à l'Europe des ressources propres en créant un impôt européen sur les bénéfices, une éco-taxe et/ou une Taxe Tobin ?

4. Etes-vous d'accord pour que [...] le PS propose à l'ensemble des socialistes européens [...] de se réunir pour réfléchir au meilleur moyen de rééquilibrer les relations entre la Chine et l'Europe ? Etes-vous d'accord pour que soit mis en débat un système de Montants compensatoires qui incite très fortement la Chine à respecter d'ici 5 ans un certain nombre de règles écologiques et l'ensemble des règles sociales du BIT qu'elle a signées avant d'adhérer à l'OMC ?

Il faudra les prendre une par une, mais déjà on voit l'enjeu fondamental : comment le politique peut-il reprendre le dessus sur les intérêts du commerce et de la finance internationaux ? Comment un état comme la France peut-il peser dans cette cour des très grands ?

Ce que je salue dans ses questions-qui-sont-des-réponses-à-des-questions, c'est leur dimension internationale, ce qui peut paraître normal pour une question qui est effectivement d'ordre international, sauf que, un peu trop souvent, on ne traite la question qu'en termes de politique intérieure : "fermons les frontières", "achetez français", "plombier polonais", "TVA anti-délocalisation" ou même encore : "devenons la Chine". Toutes ces réponses, et les crispations qui les accompagnent, ont tendance à ne servir qu'à des besoins de communication politique intérieure et sont finalement autant des manières de nier le fond du problème qui est que les Etats, dans ce monde mondialisé, n'ont plus les mêmes moyens d'agir qu'il y a vingt ou trente ans.

Traiter la question sur le plan qui lui est propre, c'est une excellente idée. Nous nous approchons peu à peu d'une politique qui s'occupe du fond de la question.

La réserve que j'ai à formuler devant de telles propositions (surtout le "nouveau Bretton-Woods", le Traité de l'Europe sociale et le durcissement de la négociation avec la Chine), c'est que le modèle de l'action gouvernmentale change de sphère (supra-nationale plutôt que nationale) mais ne change pas fondamentalement de nature. On cherche à créer une force démocratique et politique qui sera en mesure de donner des ordres au marché, pour reproduire ce qu'un État pouvait faire pour sa propre économie naguère.

Plus j'y pense, plus j'ai l'impression qu'il faudra inventer un nouveau modèle (de gauche) d'action gouvernmentale qui prendra mieux en compte les rapports de force réels. La Chine par exemple ne se laissera pas marcher sur les pieds par l'Europe ; je ne suis pas contre l'idée de durcir le dialogue, mais il est naïf de penser qu'il aboutira à des changements importants, puisque la Chine sait bien que sans elle nos économies s'éffondrent.

Mais bon, il est tard et je n'a même pas commencé de parler de Bretton-Woods. Ce sera donc pour l'épisode suivant de mon feuilleton de l'été.

Jack Lang n'est plus socialiste

A compter du 21 juillet 2008 et suite à l'adoption d'une révision constitutionnelle menant à une impasse démocratique par la seule voix de Jack Lang, nous, militants socialistes, blogueurs estimons que ce dernier ne peut plus se prévaloir de l'étiquette socialiste.

De nombreuses voix se sont élevées au Parti Socialiste, dont celle très juste de Robert Badinter, pour dénoncer la supercherie du texte proposé et la dérive monarchique de notre démocratie. A l'inverse, sans même évoquer son rôle dans cette contre-réforme, Jack Lang a fait montre d'une attitude inacceptable, en accompagnant Nicolas Sarkozy jusque dans ses attaques contre un PS soi-disant "intellectuellement malhonnête", en contribuant par son omniprésence médiatique à rendre inaudible l'explication de vote de ce même PS et en faisant prévaloir sa singularité idéologique pro-présidentielle au détriment des positions décidées par son groupe.

Le groupe socialiste avait arrêté une position sans ambiguïté d'aucune sorte après un débat entre les parlementaires. Tous se sont rangés à cette décision sauf un.

Alors que le pays et les citoyens traversent une crise majeure, il était important d'envoyer un signe fort à l'exécutif en place. Ce dernier, et malgré des résultats électoraux récents mauvais, n'a cure de cette souffrance qui frappe les plus modestes d'entre nous. Ce vote était aussi un moyen de donner un signal fort, celui d'une opposition forte et soudée où le débat a toute sa place.

Ce soir, c'est au contraire un Président exubérant d'arrogance qui règne sur notre «*monocratie*», comme en témoigne sa volonté de contrôler les médias publics.

Aussi, nous demandons instamment à notre direction qu'en application des articles 11.11, 11.15 et 11.6 des statuts du PS, Jack Lang soit exclu du Parti Socialiste.

-- Les Left_Blogs

20 juillet 2008

Du pain, du sel et de l'action collective (version TF1 l'été)

L'autre jour je parlais des rôles positifs de l'action collective, à propos du nucléaire, mais aujourd'hui j'en ai un exemple digne du JT de TF1 le dimanche midi. Petit village et tout. Mais quand même version sale gauchiste socialo-traître.

Je me trouve donc dans un petit village français à la recherche d'un peu de pain sans sel. Pas pour moi, pour quelqu'un d'autre qui ne peut manger que ça comme pain. Peu importe. Je trouve la boulangerie sur la place principale. Il y a même le boulanger assis dehors en train de discuter avec un copain. Le boulanger est même un grand un peu gros avec des magnifiques moustaches grises, qui aurait pu jouer un patriarche dans un feuilleton de l'été sur TF1.

J'entre, il me suis dans sa boulangerie et je demande mon pain sans sel. Râté, il en fait pour certains clients, mais seulement sur commande. Passionnant, non?

C'est alors qu'il m'explique que son pain ordinaire a moins de sel qu'avant, parce qu'une réduction a été décrétée, il est passé de 30 grammes de sel par litre d'eau à 20. (Je me trompe peut-être sur les mesures.) On supprime 30% du sel dans le pain.

Quel rapport, donc, avec l'avenir de la communication politique en France? Voilà...

Depuis quelques mois, nous sommes bombardés d'informations sur la sur-consommation du sel, partout dans le monde. On mange beaucoup trop de sel, c'est très mauvais. Il paraît que chez les boulangers, la concurrence fait augmenter le taux de sel dans le pain. Au fur et à mesure que les clients s'habituent au pain de plus en plus salé, tous les boulangers sont obligés de suivre l'inflation du sel dans leur pain, sous peine de produire un pain qui paraîtrait fade.

Comment donc arrêter l'escalade meurtrière du pain salé ? L'action individuelle est suicidaire : vous produisez du pain que personne n'aime et vous fermez boutique. Les campagnes d'éducation pour les consommateurs n'y feront rien, parce qu'en général on ne goûte pas le sel dans le pain, mais seulement son absence. Il faut donc une action collective, une trève du sel, qui finalement n'aura pas d'effet sur les boulangers : le marché du pain sera identique si tout le monde passe à 20 grammes par litre d'eau. Sauf que les clients risquent de vivre plus longtemps.

Voilà, fin de l'anécdote avec des boulangers qui se lèvent tôt.

En lisant "Urgence Sociale" (contribution Nouvelle Gauche). Première partie.

Retour sur la contribution Urgence Sociale de la Nouvelle Gauche (j'en ai parlé un peu il y a quelque temps ici).

Je dois dire, tout d'abord, que cette contribution est un document remarquable pour la synthèse critique qu'il propose des nombreux mensonges idéologiques, économiques et politiques de Nicolas Sarkozy et des siens, mensonges qui réussissent à s'imposer mollement dans les cerveaux disponsibles qui n'ont pas, finalement, d'autre source de réflexion. Et comme souvent nos (ir)responsables du PS n'osent pas s'attaquer à ces contre-vérités, ne voulant pas prendre le risque d'être à contre-courant dans le torrent des idées reçues, et ne s'apercevant pas qu'ainsi ils se noyaient justement dans ce même courant. La tactique est importante, mais à un moment il faut lutter aussi contre une certaine vision des choses. On se rend compte que la moitié de la bataille en politique, et la partie qui constitue sa véritable dimension stratégique, ce n'est pas tant le développement d'un programme idéal, que la lutte autour d'une certaine définition de la réalité. La stratégie, c'est définir les problèmes ; la tactique c'est tenter de les résoudre. Dans cette lutte, notre Très Grand Homme (TGH) a été particulièrement malin. Le problème, en France, c'est qu'on ne travaille pas assez. Imposer "son" problème, c'était déterminer la topographie de la bataille à venir.

En somme, il s'agit de cette idée fausse qui était si précieuse à Nicolas Sarkozy pendant sa campagne, selon laquelle la France avait tout faux, était ancrée dans son passé crypto-stalinien, tandis que nos voisins et nos concurrents sont tellement modernes et sûrement décomplexés. Etaient visés : le droit du travail, L'État providence, et les Trente-Cinq Heures, bouc-émissaire et symbole de la fainéantise sponsorisé par L'État. La contribution de la Nouvelle Gauche cherche à tordre le cou à cet argument sur "ce qui ne va pas", et c'est déjà rendre un grand service. Evidemment, on n'a pas attendu cette contribution pour le faire, mais c'est quand même bien fait.

"Les Français travaillent moins que leurs voisins" affirment François Fillon et Nicolas Sarkozy. C'est FAUX. La durée moyenne du travail (tous emplois confondus25) est de 29,9 heures aux Pays-Bas et 31,9 heures en Grande-Bretagne, contre 36,1 heures en France.

Et même aux Etats-Unis, on arrive à seulement 33,7 heures de travail. Bravo, donc, pour le diagnostic, pour l'analyse critique.

(Il y a aussi une critique intéressante de l'application des 35 heures françaises, surtout la Deuxième Loi : absence de contrepartie en termes d'emploi, possibilité de compter les pauses ou les douches comme des heures de RTT... tout pour montrer que les 35 heures sont loin d'être l'hécatombe que l'on prétend.

Dans Urgence Sociale, on lit (et c'est en gras, c'est donc important) :

C'est le chômage de masse qui provoque la baisse des salaires dans le PIB. C'est le chômage qui plombe le financement des retraites et de la Sécu. C'est le chômage et la précarité qui pourrissent la vie quotidienne de millions de nos concitoyens (en particulier dans les "quartiers difficiles"). Lutter radicalement contre le chômage et la précarité doit être, pour les Socialistes, une priorité absolue.

C'est le bon sens, c'était même à peu près ce qu'on disait depuis longtemps, avant l'arrivée de notre Human Bomb idéologique, qui a réussi à remettre l'accent sur la fainéantise et le pouvoir d'achat (eh oui!). Recadrer ainsi les choses ne devrait rien avoir de révolutionnaire, et pourtant...

Je dois dire, ensuite, que si je m'attarde ici sur des éléments sur lesquels je ne suis pas d'accord, ce n'est pas pour dénigrer l'effort dans son ensemble, ni vraiment pour me placer contre, d'autant plus que l'ami Marc Vasseur l'a signé, ce qui n'est pas rien. A la rigueur, j'aurais envie de le mettre en valeur en engageant, modèstement, un petit dialogue.

Sur le diagnostic, donc, je suis globalement d'accord et globalement impressionné. Il ne manque, à mon avis, mais ce n'est pas là le rôle d'une contribution, un langage qui permettrait de mieux vendre ces idées critiques. Malgré les mots en gras, il manque peut-être les phrases chocs qui pourraient emporter le morceau, qui pourraient lancer la contre-mythologie qui nous fait défaut.

Voilà donc pour les applaudissements. La discussion sera pour le billet suivant.

12 juillet 2008

La trouille bleue

Avant hier, je disais, à peu près, que ce que Libération appelle la "gaffitude" de Ségolène Royal est en réalité sa capacité à taper fort dans la comm' sarkozyënne, brisant ainsi les limites que la plupart des (ir)responsables de gauche s'imposent à leur propre parole. Affirmer que ce n'est pas Nicolas Sarkozy qui a secouru Ingrid Betancourt : quelle gaffe ! Dire que la mise-à-sac de son appartement était visiblement politique, alors qu'on se demande qui viendrait chez elle déchirer le procès-verbal du cambriolage précédent juste pour le fun : quelle gaffe !

On peut se demander ce qu'ils ont chez Libé subitement. Quand on lit chez eux un article qui concerne Ségolène Royal, voici les autres lectures proposées :

On dirait le Figaro en pleine campagne présidentielle. Le plus étonnant de ces articles est celui-ci, L'opposante préférée de l'UMP, qui affirme sans l'ombre d'une nuance, qu'à l'UMP on adooooore "Ségolène" :

Ils l'adorent. En privé, ils parlent entre eux de «Ségolène» et se frottent les mains à chacune de ses sorties ; en public, ils ne lui donnent que du «Madame Royal» pour mieux la valoriser. Les dirigeants de l'UMP raffolent de l'ex-candidate socialiste à la présidentielle qui résume à leurs yeux toute la crise du PS. «Surtout qu'on me la garde et qu'on ne la change pas. C'est une opposante qui me va très bien», confiait récemment Nicolas Sarkozy, en marge d'un déplacement à l'étranger.

Tellement on aime Royal à droite, qu'il y a même une équipe consacrée à elle seule. Et pas des moindres, puisqu'on y trouve un ancien premier ministre :

Le parti compte deux spécialistes du «ségolénisme» : l'ancien Premier ministre et ex-président du conseil régional de Poitou-Charentes, Jean-Pierre Raffarin, et l'ex-député des Deux-Sèvres aujourd'hui porte-parole de l'UMP, Dominique Paillé.

L'article continue de façon aussi monolithique, se gaussant des bons mots que les uns et les autres ont décochés contre Royal : Morano, Paillé, et Chantal Brunel (combien y a-t-il de portes-parole à l'UMP d'ailleurs?), cette dernière ayant gagné l'autre jour avec sa vanne : «Il y une chose qu'on ne peut pas voler chez elle, c'est son programme, car elle n'en a pas.» Etrange, tout de même, que l'on parle encore de "programme", comme si on était encore en avril 2007 et que le programme de Royal était encore d'une brûlante actualité.

C'est n'est pas la seule chose qui cloche dans cet article. Aujourd'hui, c'est "Spéciale Manipulations" (vous verrez pourquoi ensuite), mais déjà quelque chose me semble louche. J'avais dit qu'il était monolithique. En effet, la communication semble un peu trop grasse. Si Ségolène Royal est à ce point le souffre-douleur de la droite, comment se fait-il que l'on consacre autant d'énergie à s'y opposer? Est-ce parce que l'UMP craint véritablement des gens comme Hollande, Montebourg, Cambadélis ou Aubry que l'on décide s'en prendre à Royal pour faire diversion ?

Les ficelles sont un peu grosses. Il me semble légitime de se demander si ce n'est pas Libé qui s'est fait manipuler, et qui a reçu un papier presque tout fait, signé peut-être "JPR", et destiné à discréditer Ségolène Royal dans son rôle d'unique opposante.

Un exemple tout frais : 24 ou 36 heures après le début du "scandale" des accusations contre le "clan des Sarkozy", nous apprenons que la police a déjà un suspect pour le cambriolage de 2006, une jeune femme "issue de l'ex-Yougoslavie" :

C'est ce qu'affirme avec certitude un bras droit de Nicolas Sarkozy à l'Elysée. Selon lui, la jeune femme aurait été identifiée «il y a quelques jours», sans pour autant être interpellée.

D'abord... d'abord, c'est gros. Un "bras droit de Nicolas Sarkozy à l'Elysée" : qui ? Guéant ? Et pourquoi l'Elysée plutôt que chez la police elle-même ? Et pourquoi il y a quelques jours seulement ? Plus loin on lit :

Un très proche collaborateur du Président de la République rappelle que lorsque ce dernier était ministre de l'Intérieur, il a fait légiférer sur le contrôle des officines dont, affirme-t-il, il a toujours trouvé les méthodes déplorables. Vacciné à l'en croire par les affaires d'officines ayant sévi sous de Gaulle, Giscard, Mitterrand et Chirac, le même ajoute que cette époque est révolue: «Et même si on avait des envies d'officines, on saurait se souvenir du passé». (C'est moi qui souligne, o16o.)

Je trouve que "l'Elysée" se défend un peu trop bien. Une coupable "idéale" trouvée en quelques heures, toute une théorie sur les "officines". L'Elysée n'est pas en train de se moquer de Ségolène Royal, du moins pas en interne ; l'Elysée a la trouille, l'Elysée travaille 24 heures sur 24 pour ne pas que le soupçon pèse sur le "clan Sarkozy" justement.

Vous allez dire : "oui, c'est une belle théorie du complot, mais bon, c'est un peu trop beau tout ça". J'avais dit que c'est la journée spéciale "Manipulations". Mais moi, je ne fais que suivre dans les traces de l'illustre Dominique Paillé qui va jusqu'à affirmer que la coupable est peut-être... Ségolène Royal elle-même! Lisez et regardez, chez Dagrouik :

Dominique Paillé , député UMP , membre de la bande des chiens qui aboyent, était invité dans l'émission "''N'ayons pas peur des mots''" sur I>télé. Il a tout simplement envisagé que Ségolène Royal ait pu avoir organisé elle même le cambriolage qu'elle a subi.

(La visite chez intox2007 s'impose d'autant plus qu'on apprend toutes sortes de choses intéressantes sur Paillé lui-même.)

En tout cas, seule Ségolène Royal est capable, avec un mot ou deux, de mettre l'intégralité de l'UMP dans un état de fièvre collective avec délires et perte de certaines facultés mentales. C'est déjà pas mal.

11 juillet 2008

Chains of love

Nicolas J. vient de me taguer, dans une chaîne (oui, encore une, et j'en ai d'autres encore en retard) lancée par Juan. Alors, si vous ne l'avez pas encore vue celle-ci, tenez-vous bien. Il faut trouver à Nicolas Sarkozy quatre qualités. Oui, ils ont bien dit "qualités". Quatre. Zut alors...

Mais bon, au boulot la France qui blogue dur! Voici la solution au problème.

  1. Nicolas Sarkozy est sage. Jamais une parole de trop, ni un mot déplacé, il reste en permanence maître de lui-même. En somme un vrai homme d'Etat.
  2. Nicolas Sarkozy a le coeur à gauche. Je n'invente pas ! C'est lui qui le dit. Mais au-delà des paroles, ses actions prouvent combien c'est vrai. Ce qui saute aux yeux, c'est qu'il est guidé par un souci permanent pour le bien-être des plus faibles. De ce point de vue, il est vraiment le père de la Nation que les Français, égarés, cherchaient.
  3. Nicolas Sarkozy est un excellent diplomate. Cela va avec la sagesse, mais la dépasse aussi : il a le sens de la stratégie à long terme. Il suffit de voir les différentes victoires qu'il a remportées. Pensez par exemple à Kadhaffi. Pensez à l'Irelande. Pensez aux excellentes relations qu'il a su instaurer avec la Chancelière Merkel.
  4. Nicolas Sarkozy est grand. Mais je n'ai pas attendu Juan et Nicolas pour l'appeler le Très Grand Homme.

Ouf. Finalement, ce n'était pas si difficile.

Alors, taggons peu mais taguons bien... Il faut cinq victimes. Il y a kamizole qui s'impose, mais aussi flo py, Donatien, Circé et, juste pour voir, un blogueur avec qui je n'ai jamais parlé mais qui fait de très bons billets : yrduab de Cent idées pour....

Amusez-vous bien!

10 juillet 2008

Sois intimidée et tais-toi!

Tout le monde va sans doute parler de la même chose aujourd'hui, mais bon. Un choeur de blogs braille plus fort. D'ailleurs, Marc Vasseur, avec un excellent billet sur la question, nous a déjà fait la plupart du travail.

L'affaire de la "mise à sac" de l'appartement de Ségolène Royal se poursuit. Libération met en une "La gaffitude". Laurent Joffrin pond un éditorial suffisant et inepte :

Que dire pour défendre Ségolène Royal ? Rien. On cherche vainement une raison qui pourrait justifier un tant soit peu les accusations à peine voilées qu'elle a portées mardi soir contre le «clan Sarkozy».

Même le Figaro est plus sérieux, malgré un titre légèrement condescandant et machiste : "Ségolène Royal se sent «suivie ou écoutée»". Elle "se sent" suivie. Car une gonzesse, ça sent les choses, car une gonzesse n'est pas raisonable, une gonzesse a peur, est parano, hystérique, émotionnelle, pas sérieuse. Ah, mais c'est le Fig, me dîtes vous tous en même temps. Oui, mais Laurent Joffrin ne fait pas mieux, il fait même pire :

L'ancienne candidate a bien été cambriolée, expérience toujours traumatisante d'autant qu'elle s'est répétée. Mais des millions de Français ont été cambriolés au fil des années. Rares sont ceux qui ont incriminé le président de la République...

Oui, c'est "traumatisant", du coup l'ex-candidate pète les plombs. C'est la variante parano du thème de la "gaffitude" : si ce n'était pas des martiens, alors c'était Nicolas Sarkozy.

Je disais donc que le Figaro était pour le coup plus sérieux. Car là où Joffrin "cherche vainement une raison qui pourrait justifier un tant soit peu les accusations", le Figaro en fournit plusieurs qui méritent d'être répétées :

  • "Les policiers du Service départemental de police judiciaire (SDPJ) des Hauts-de-Seine, chargés de l'enquête parlent d'une «mise en scène», voire de «mise à sac», selon une source proche de l'enquête."
  • "le procès-verbal de [la] plainte [concernant le cambriolage précédent] a été «mis en évidence à dessein, de façon à ce que ce soit repérable», assurent les enquêteurs, confirmant une déclaration de l'avocat de Ségolène Royal, Me Jean-Pierre Mignard."
  • Les policiers auraient fait remarquer que l'heure de la mise à sac était atypique.

Visiblement, le Service départemental de police judiciaire (SDPJ) des Hauts-de-Seine est une antenne de Désirs d'avenir pour pouvoir accréditer ainsi les délires de cette dame.

Sérieusement, qui peut, hormis Laurent Joffrin, soutenir que cette affaire n'a pas tout d'un acte d'intimidation politique ? Laurent Joffrin n'est-il pas assez informé pour savoir que ce ne serait pas la première fois qu'un incident de ce type vient salir l'immaculée vie politique de la France ?

Laurent Fabius, pourtant pas franchement un allié de Royal, est moins naïf que Joffrin (je prends ceci chez Marc Vasseur) :

Pssst Monsieur Joffrin ... L'ancien Premier ministre Laurent Fabius (PS) a affirmé jeudi sur LCI avoir déjà eu le sentiment d'être "suivi, écouté, espionné", mais a de nouveau refusé "d'entrer dans la polémique" à propos de la mise à sac de l'appartement de Ségolène Royal. A la question "avez vous eu le sentiment d'être suivi, d'être écouté, d'être espionné", l'ancien Premier ministre a répondu sobrement: "oui". "Donc ça existe", a poursuivi le journaliste qui l'interrogeait. "Je le crains", a rétorqué M. Fabius. source Ouest France.

Du coup, quand Laurent Joffrin écrit,

D'où vient cette hypothèse sensationnelle ? On ne sait. Rien dans l'enquête, rien dans l'appartement mis à sac, rien dans les milieux judiciaires.

on se demande s'il lit les journaux de temps en temps. Dans le sien, dans le papier correspondant à celui du Fig, les faits accréditant la piste de l'intimidation ne sont présents que sous forme de citations de Ségolène Royal elle-même, confortant ainsi l'interprétation "elle est folle".

Le pire dans cette histoire, c'est que l'effraction dans l'appartement de Madame Royal passe pour beaucoup moins grave que le fait que la première concernée en parle. Sois intimidée et tais-toi! Le fait de dire ce qui ne nous surprendrait pas du tout si le pays en question était l'Italie par exemple, semble, en France, tout à fait hors de propos.

Marc, écrit encore, en s'adressant à Joffrin :

Et pour tout dire, je crois que le temps de l'opposition gentillette est désormais révolue... il s'agit de lutter pied à pied contre une droite revancharde et idéologique. A ce propos, Je m'étonne de votre mansuétude vis-à-vis des tombereaux d'insanités qu'elle nous sert quotidiennement depuis la fin de l'état de grâce de votre ami... cela ne semble guère vous émouvoir,.

Voilà ce que si peu de personnes dans le grand consensus médiatico-politique semblent avoir compris : Ségolène Royal est la seule à taper fort contre la communication sarkozyste elle-même. Cela surprend plus encore à gauche qu'à droite, peut-être, mais, comme je le dis depuis que ce blog existe, pour gagner des élections il faut savoir communiquer, exister sur le plan de l'image. La plupart des cadres socialistes ne parviennent pas à dépasser la petite phrase, l'ironie ou, les bons jours, le sarcasme, alors que face à l'UMP, face à un Sarkozy, il faut taper fort.

L'épisode Ingrid Bétancourt le montre bien. Lisez surtout ce billet de Nicolas J., pourtant pas un ségolénophile, qui montre la nécessité absolue de dire que Sarkozy n'était pour rien dans la libération de l'ôtage des FARC. Il est essentiel de dégommer les faux-semblants sarkozyëns qui n'ont peut-être pas d'importance dans la technocratie ou dans la compétition à l'intérieur du PS, et pour l'instant une seule responsable politique semble l'avoir compris. (Enfin, il y a aussi Noël Mamère qui peut être très efficace quand il veut.)

Ségolène Royal tape fort : c'est l'une des leçons à retenir. Raffarin l'avait traitée de délinquante sociale, Royal sort l'histoire de l'appartement parisien que ce même Raffarin faisait louer par la Région Poitou-Charentes. "T'en veux une, la voilà ta baffe."

Au vu de la réaction de Laurent Joffrin, ce langage politique-là n'est pas acceptable pour la gauche, qui ne doit rien oser, qui doit rester dans sa molle acceptation de la politique et de la communication de la droite, qui doit accepter les termes du débat que la droite lui impose, qui ne doit finalement exister que comme la proposition d'une petite inflexion de la politique de l'UMP. Si on était au pouvoir, on ferait presque pareil, mais un peu mieux...

9 juillet 2008

75 kilos d'individualisme pur

Alors, comme ça, notre bon vieux nucléaire français, censé résoudre tous les problèmes énergétiques du monde, y compris ceux du tiers monde, tout en permettant la France, ou plutôt une petite poignée de Français, et peut-être surtout Vincent Bolloré, de s'en mettre plein les poches, alors comme ça, le deuxième site de retraitement de déchets nucléaires en France peut "perdre" 75 kilos d'uranium, nécessitant des interdictions de baignade, de pêche et d'eau fraîche sur tout un territoire. Le chiffre est passé de 360 kilos à 75, ce qui doit sans doute rassurer les riverains, mais qui témoigne à nouveau de la confusion et de l'approximation qui semblent être un peu trop courantes dans un domaine où la sécurité est si importante.

Soixante quinze kilos d'uranium, c'est de toute façon déjà pas mal. Ils étaient contenus dans 30 mètres cubes d'eau. Trente mètres cubes d'eau, on les remarque quand ils passent. Ce n'est donc pas une petite fuite. Que fait donc... la Socatri, la filiale d'Areva qui gére le site ?

Cet incident est une bonne illustration des nombreux problèmes auxquels sera confronté la politique sarkozyënne de mêler le rentable et le cache-sexe écologique. Mais surtout, il permet de rappeler l'importance du collectif. J'explique, en revenant à mes gauchitudes.

La victoire électorale de Nicolas Sarkozy est assez souvent expliquée comme étant celle de l'individualisme sur le collectif. L'individualisme n'est pas celui du Président à Ray-Bans et à Rolex (pardon, Patek Philippe) et au roulage des mécaniques (même si ceci peut expliquer cela), mais celui quand même plus laid et nocif du "marre des fainéants", "marre des 'immigrés'", l'individualisme du "travailler plus...". (Lire à ce propos le très bon papier de Robert Castel.)

Bref, le collectif, en tant que valeur, a perdu en 2007. Débrouilles-toi toi-même. Connard. Pourtant, cette défaite n'est pas due, semble-t-il, à un changement profond dans la vision qu'ont les Français de leur société. Quand on commence à toucher à l'une ou l'autre des manifestations de ce collectif - retraites, assurance maladie, etc. -, soudain ils sont beaucoup moins Bling-Bling. Mais même dans ces cas, où précisément c'est la place du collectif dans la société qui est directement en question, le collectif en tant que valeur n'en profite pas du tout. Le mot "solidarité" a été ringardisé, sans parler de l'ultra-plouc "justice sociale". Non seulement est-ce vieillot d'en parler, c'est carrément honteux.

Et c'est pour cela que la moitié de l'enjeu dans le combat de la gauche contre la droite sera : la gauche saura-t-elle trouver les mots pour redynamiser les valeurs de gauche. Si je devais faire de la politique aujourd'hui, je ne prononcerais jamais le mot "solidarité". Ce n'est pas la peine. Que dirais-je à la place ? Je ne sais pas, mais c'est ça qu'il faut trouver. Avant 2012.

Alors, pour revenir au dernier couac en date du glorieux nucléaire français, je disais, par boutade : "que fait la Socatri?" Comme, j'imagine, la plupart des gens, je ne connaisais pas l'existence de la Socatri avant ce dernier incident. On peut se demander quels comptes cette filiale aura à rendre à Areva, et quels comptes seront rendu à l'Etat, censé, quand même, veiller à ce que des régions entières ne soient pas irradiées par des petites maladresses ? Et quelle serait la situation si le nucléaire était véritablement privatisé ? Quelle serait la situation dans une centrale nucléaire libyenne, par exemple?

Et surtout, parlons sous, gros et petits. Quel intérêt une société comme la Socatri a-t-elle à gérer correctement les substances ultra-toxiques dont elle a la responsabilité? Par la structure économique même d'une telle société, il s'agit de gagner le plus d'argent possible en satisfaisant les exigences de sécurité, telles qu'elles sont exprimées par l'autorité publique. Ne lâchez pas 360 ou 75 kilos d'uranium, ou vous aurez une blâme, qui vous coûtera 1,5% (chiffre que j'invente sur le champ) de votre chiffre d'affaires.

Autrement dit, une société comme la Socatri n'est en rien une émanation du collectif, ses intérêts sont même presque à l'opposé de ceux du plus grand nombre. Et pourtant, on lui confie des substances et des techniques qui pourraient, si les choses allaient vraiment mal, rendre l'ensemble de l'Europe inhabitable.

Le collectif peut, parfois, être utile.

Update: Correction de l'énorme faute de frappe dans le titre...

2 juillet 2008

Cent blogs politiques et un punk exhibitionniste

Comme tout le monde le sait, le classement Wikio des blogs politiques est sorti hier, ou même un peu plus tôt, puisque Donatien était cette fois en avance sur tout le monde.

Plutôt que de refaire ce classement, ou d'en profiter pour faire des liens vers les blogs des copains, je voudrais signaler, outre le maintien miraculeux de ce blog à la treizième place, le véritable événement de ce classement se trouve à la 88ème place...

Pas besoin de cliquer pour savoir de quoi ou de qui je parle : c'est le blog d'Yves Jégo! On savait déjà que Monsieur Jégo était beaucoup de choses : Secretaire d'État, maire de Montereau-Fault-Yonne, responsable des nouveaux adhérents à l'UMP, (ancien) député... on le découvre également auteur de thrillers historiques et biographe (de Gaulle), et surtout blogueur. Comme quoi...

(Je dis tout de suite que je ne vais pas pour autant me mettre à tutoyer ce nouveau confrère, ou à me permettre la moindre familiarité... Si vous ne savez pas pourquoi, lisez un peu plus loin.)

Je n'ai lu ni 1661, ni La Conspiration Bosch (un roman qui ne raconte pas les déboires d'un fabricant allemand de pièces automobiles et d'électroportatif au XVIe siècle), mais je suis persuadé que Monsieur Jégo y a passé un plus de temps qu'à son blog, qui ressemble le plus souvent aux autres blogs des hommes politiques, qu'ils soient apparatchiks ou, comme Monsieur Jégo, pas apparatchiks. Mais de temps en temps il y a une perle, comme ce billet, le plus récent à l'instant où je tapote ces caractères.

Déjà le titre vous réveille. Après des copies de dépêches AFP, comme Jégo annonce un accord avec les socio-professionnels, ou même des billets, autographes et sans doute brillants, comme Première pierre au Centre Hospitalier de Montereau, c'est tout de même autre chose que lire, tout d'un coup :

A propos de l'exhibitionniste du Festival de Montereau !

Non, nous ne sommes pas chez les boulets, pas plus que nous ne sommes chez les apparatchiks. Non, c'est sérieux, c'est du très sérieux, du lourd. Car on finit par deviner que Monsieur Yves Jégo ne blague pas. Enfin, qu'il ne blague pas beaucoup, ou du moins qu'il y a certains sujets à propos desquels il est peu enclin à blaguer. Peut-être. C'est une hypothèse. A vrai dire je n'en sais rien. (Il faut faire attention, je ne voudrais pas que l'on puisse me reprocher d'insinuer que Monsieur Yves Jégo manque d'humour ou qu'il souffre de la moindre pathologie de ce point de vue là. D'ailleurs nous allons voir tout à l'heure un excellent exemple de son humour. Je ne veux rien dire d'autre avec ce billet que ceci : Monsieur Yves Jégo, Secretaire d'Etat, est quelqu'un de bien, et qu'en plus ce n'est pas du tout un apparatchik. Je désavoue d'emblée toute autre interprétation de ce billet.)

Mais revenons donc à notre exhibitionniste. Je veux dire (il faut toujours être très précis) : celui du Festival de Montereau, un chanteur dans un groupe punk local, les Locataires. Voici le compte-rendu de l'incident dressé par Monsieur Jégo lui-même, chez 20 minutes :

le chanteur d'un groupe punk que la mairie avait invité a pété les plombs. Il s'en ai pris à Faudel, le traitant de «salaud» puis a crié «à mort l'UMP». Quand il m'a vu dans le public, il m'a traité «d'enculé».

Visiblement, ce chanteur n'avait peur de rien, normal pour un punk qui avait, paraît-il, 2,25 (ou 2,30 selon le Fig) grammes d'alcool par par litre de sang. Yves Jégo poursuit sa description de la scène :

En revanche, quand il a commencé à se caresser, montrer ses fesses et se mettre à poil, là cela n'était pas acceptable.

Et voilà donc notre bon Monsieur Jégo obligé de sortir l'arme à longue portée des poursuites judiciaires. Et là c'est l'occasion de s'en expliquer sur son blog.

J'ai pour ma part pris pour habitude de ne jamais saisir la justice pour des insultes à caractère politique sauf évidemment lorsque mon honnêteté ou ma vie privée était mise en cause ce qui n' était pas le cas en l'espèce.

Là, le respectable Monsieur Jégo fait allusion au procès fait contre un blogueur local qui l'avait traité, entre autres, de... tenez-vous bien... "apparatchik". C'est pour cela que je tiens à préciser à chaque fois que j'en ai la possibilité, que Monsier Yves Jégo n'est pas un apparatchik.

J'avais promis une blague, la voici. Yves Jégo termine son entretien chez 20 minutes sur ce qui ne peut être qu'une boutade :

J'ai porté plainte pour outrage à la pudeur caractérisé. Le commissaire de police m'a dit qu'il avait 2,25 grammes d'alcool par litre de sang. En douze édition, c'est le premier incident. Il n'a duré que dix minutes mais bon, finalement, il y a du bon... ça nous permet de médiatiser notre festival.

La publicité est toujours bonne à prendre, même sous la forme d'un chanteur punk exhibitionniste. Le Dieu de la pub agit de façon mystérieuse, il ne faut pas vraiment essayer de comprendre. Curieux, tout de même, de s'en féliciter, puisque apparamment le véritable problème, avec cet incident, c'était le choc qu'ont dû supporter les enfants.

En tout cas, bravo Monsieur Jégo, Celui qui n'est Pas un Apparatchik, pour cette 88e place bien méritée.

Update: Monsieur Jégo n'est plus député, en fait. Je corrige, même si je ne pense pas qu'on puisse me poursuivre pour l'avoir traité de député.

1 juillet 2008

L'Europe dans un brouillard de paillettes

Juan de Sarkofrance... tiens, on dirait un noble, on devrait lui donner un titre : Juan, Marquis de Sarkofrance, ça fait mieux. Juan donc publie en avance ce que Nicolas Sarkozy va dire ce soir (ou hier soir, j'écris ceci hors ligne) à la télé de l'État. Je résume les quatre points.

  • durcissement des politiques d'immigration, avec interdiction des régularisations massives;
  • l'écologie et le développement durable se réduisent au nucléaire (l'une des pirouettes préférées du TGH, comme on sait déjà trop bien). Valorisons Areva pour sauver la planète!
  • la défense commune européenne se réduit à l'Atlantisme du style "Tony Blair et la guerre d'Irak" (autre pirouette : la défense européenne commune n'est donc ni européenne, ni commune...);
  • défense toute chiraquienne de la Politique Agricole Commune. (Juan écrit : "Point de bio ou de décroissance. Il nous expliquera qu'il faut défendre les quotas et soutenir nos agriculteurs dans un contexte de crise alimentaire mondiale.")

Il y aurait beaucoup à dire sur chacun de ses points. L'essentiel, c'est qu'il n'y a rien à sauver, rien de bon, à part les principes nobles qui servent à justifier des politiques qui vont dans le sens contraire. Le nucléaire en est sans doute l'exemple le plus parlant : profitons d'un consensus mondial sur l'écologie et d'une crise énergétique qui sera permanante pour faire des affaires (et quid de la possibilité de repasser Areva à Vincent Bolloré?).

La technique fonctionne tout aussi bien pour sur la PAC. La crise alimentaire mondiale est la conséquence de la crise énergétique et des décennies de protectionnisme agricole en faveur des pays du Nord qui ont empêché le développement de l'agriculture dans le Tiers Monde. Réponse donc du TGH : il faut surtout continuer de faire la même chose.

Soixante semaines de Sarkozy nous ont appris qu'il n'est pas doué en politique étrangère : tensions avec Merkel, humiliation par Khadaffi, rejet de son alliance de la Méditerranée sur les deux rives, rejet du Mini-Traité par l'Irlande, humiliation de la Police Française par la Chine, et j'en oublie beaucoup d'autres exemples. Sa grande faiblesse dans ce domaine, c'est que la séduction sarkozyste ne marche pas sur des personnes qui ne participent pas à la même sphère politico-médiatique, qui n'ont donc rien à gagner par une complicité avec le Narcissisme National. La séquence Khadaffi nous a montré cela très tôt. De plus, les chefs d'état étrangers finissent par ne pas apprécier le fait d'être pris pour des pions dans une stratégie de communication visant les seuls Français.

Comment Sarkozy, nul donc en politique étrangère, va-t-il se conduire pendant la présidence française de l'Union Européenne? Ou, plus précisément, les pirouettes rhétoriques qui continuent à fonctionner tant bien que mal sur TF1 ou FR3, pourront-elles emballer l'opinion européenne pendant six mois?

L'Elysée doit avoir des doutes, car il a prévu de dépenser 1 million d'euros par jour pour animer cette grande réunion. C'est Mediapart qui en parle :

Environ 1 million d'euros sera dépensé chaque jour entre juillet et décembre 2008 par le gouvernement de Nicolas Sarkozy pour porter haut les couleurs de notre pays qui prend les rênes de l'Union européenne. Les sommes que la France a décidé de consacrer à la présidence de l'Union européenne atteignent le chiffre record de 190 millions d'euros.

Ce budget est près de seize fois plus im- portant que les 12 millions d'euros prévus par le Foreign Office lors de la présidence britannique de l'Union européenne en 2005. Mais on n'en saura pas plus. Pas un chiffre supplémentaire, pas un mot. Les instructions de l'Elysée sont formelles, rien ne doit filtrer du détail du programme avant son lancement le 1er juillet et des dépenses occasionnées.

Ce chiffre est d'autant plus impressionnant qu'une partie des dépenses sera assurée par l'UE elle-même. Je devine, donc, que ces sommes proprement astronomiques seront utilisées pour les besoins de la seule comm', pour entrentenir un brouillard de paillettes et de confusion autour de l'action présidentielle, brouillard qui servira, dans le calcul trèsgrandhommien, à masquer ses magnifiques pirouettes. Malheureusement pour Monsieur Sarkozy, il n'aura pas affaire aux mêmes téléspectateurs que d'habitude.