29 septembre 2012

Le pour et le contre

 

Depuis quelques jours et quelques billets, j'essaie de me positionner par rapport aux perspectives offertes par le hollandisme naissant, et surtout celle de ce TSCG qui se profile. Le problème, c'est ce que, comme dirait Zuckerberg, "c'est compliqué".

Tentative de tout démêler.

(Note aux lecteurs non-blogueurs : quand je n'écris pas, je peux avoir des idées très floues sur toutes ces questions ; c'est seulement quand il faut commencer aligner des mots et des arguments que les choses se précisent dans mon esprit, fût-ce provisoirement. C'est une grosse partie de l'intérêt du bloggage. Au risque de paraître comme un vieux grincheux, le tweet, parcellaire par essence, ne provoque pas le même processus.)

 

Sur le fond, donc, je reste profondément anti-austérité. C'était ce que je voulais montrer à propos de l'Italie, où nous avons non seulement la démonstration que l'austérité mène vers plus de déficits, et pas moins, mais la démonstration totalement folle que dans ce cas, les déficits ainsi engendrés n'ont pas de conséquence, du moment que les gens souffrent. Et c'est pour cela que je regrettais le fait la gauche française, comme la plupart des gauches du monde, avaient renoncé à remettre en question la logique des grands flux financiers, et de construire une alternative crédible au grand consensus dit "néolibéral" qui désormais nous gouverne.

Et bien sûr, François Hollande reste sagement à l'intérieur de ce consensus. Certains éléments de son discours de campagne laissaient entendre que ce ne serait pas ainsi : l'accent mis sur la croissance, la renégociation du TSCG, l'ennemi de la finance. On peut être décu :

D’ailleurs quand François Hollande cible désormais le déficit budgétaire en lieu et place de la finance comme ennemi, on peut penser que la « révolution » keynesienne est abandonnée en rase campagne.

Pourtant, Hollande avait aussi promis le retour à l'équilibre budgétaire, en partie grâce à une croissance future. A droite on ne l'a pas cru, et à gauche, secrètement, on n'y a pas cru non plus.

Bref, sur ce point essentiel, on espérait plus de "changement". J'accuse, en premier, l'absence d'une alternative suffisamment crédible, suffisamment tiède pour un gouvernement de centre gauche. La situation européenne n'arrange rien, et la pression financière n'est pas imaginaire. Même si nous trouvons qu'elle est injustifiée, immorale et inique, elle ne va pas disparaître parce qu'on n'y croit plus. Pas quand la dette publique dépasse 90 % du PIB. (Pour rappel : en 2007, quand tout était encore possible, la dette n'était que de 66 %. Et on trouvait que ça faisait beaucoup déjà.)

Cela ne devrait pas nous surprendre de voir qu'un parti comme le PS, avec son passé et ses idées, ne lance pas la France toute seule dans un combat international contre la finance, qui, en l'état actuel des équilibres politiques voudrait dire, entre autres, la sortie de l'Euro. Si on accepte (provisoirement) que cela ne pouvait qu'être ainsi, que François Hollande n'allait pas tout faire péter, il reste des différences énormes avec l'action qu'aurait été celle d'un Nicolas Sarkozy réélu, même si, encore une fois, les deux sont fondamentalement d'accord sur le fait que la crise est la faute des états qui ne maîtrisent pas leurs budgets.

J'aime bien ce passage du dernier Lordon :

On rappellera tout de même que la dette publique espagnole passe de 36,1 points de PIB en 2007… à 68,5 en 2011 – multipliée par deux. Celle de l’Irlande, de 25 à 108 % sur la même période – multipliée par quatre, qui dit mieux ! On défendra difficilement la thèse qu’Espagnols, ou Irlandais se sont jetés frénétiquement sur les médicaments ou bien ont décidé de partir en retraite à 40 ans (comme les traders, au passage) : c’est le désastre de systèmes bancaires irresponsables qu’ils ont sur les bras.

Donc, je disais : il reste des différences énormes. La TVA sociale contre les nouvelles impositions sur les riches, sur le capital, sur les grandes entreprises. Le fait de préserver l'éducation des coupes. Il y a là de profondes différences avec la droite, et sur des questions essentielles. Dans les choix, à l'intérieur certes de la même analyse, la différence est très significative. Pour l'efficacité, on ne sait pas encore.

 

Que faire de tout cela ? Faut-il taper sur Hollande et Ayrault, ou bien les défendre ? Faut-il être intransigeant, critique voire grognon ?

Elooooody se posait la question, pour conclure :

Il me semble aussi que le Gouvernement n'a pas besoin de moi pour se faire taper dessus. D'autres s'en chargent. Et c'est précisément parce que d'autres s'en chargent que je préfère parfois défendre ce qu'il fait de bien.

Ce n'est pas simple, et je pense qu'au final, la réponse à la question "taper ou défendre" dépend moins d'une orientation politique que du choix de rôle que fait tel ou telle blogueuse ou blogueur. Personnellement, je revendique une certaine intransigeance, parce que le parti au pouvoir a un peu plus les moyens de se défendre tout seul, parce qu'il représente désormais le Pouvoir, et le gauchiste s'en méfie toujours un peu, ou beaucoup, et surtout il faut du désaccord pour avancer le débat.

Pour finir, donc, je suis contre le vilain TSCG parce qu'il symbolise en le concrétisant le consensus financier qui nous a mis dans cette situation. Je renconnais en même temps que la situation actuelle ne laisse presque pas marge de manoeuvre. Je n'aime pas la situation.

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